Un autre regard sur le Colt Walker 1847



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1- L'image et l'utilisation du Colt Walker selon la culture du pays  
 

Après avoir abordé dans l'introduction l'aspect culturel et politique de l'usage des armes à poudre noire, après avoir parcouru les principaux modèles de revolvers "cap & balls" qui ont introduit l'usage des armes modernes,   je reviens maintenant sur le Colt Walker déjà présenté dans l'article 1 (Historique) .
 
En parcourant des blogs et forums américains, je me suis rendu compte qu'en France, ce revolver n'a pas l'attrait qu'il conserve aux USA. Je voudrais commencer par un texte que j'ai trouvé sur un forum et qui m'a ouvert les yeux à ce sujet.

" I carried and used a Uberti 1847 WALKER for a mighty long time. Laying here beside of me right now loaded all the way around. I use Triple Seven 3fff, .457 swaged round lead balls (...) I use 48 to 50 grains.... It take's a long time to really learn how to use and handle a Walker..." It take's a long time to really learn how to use and handle a Walker... A long time....If your Walker is properly tuned up and properly loaded and you have practiced and worked with it for a good year may be 2, (...) . I worked HARD with that gun for 2 years or better before I was willing to tell myself I knew how to shoot it. . (...) Cowboy, just don't give up. Just keep shooting when you can and keep working at it and then all of a sudden; there it is."(...) I watched an Indian friend of mine knock down an Antelope on my property this morning with his Walker at about 55 yards..."
" J'ai trimbalé et utilisé un WALKER Uberti pendant longtemps. Il est posé à côté de moi à cet instant, toujours à portée de main. J'utilise la poudre triple seven 3F, en 457, balles rondes, (...) et je charge entre 48 et 50 grain de poudre. Il faut longtemps pour vraiment savoir comment utiliser et manipuler un Walker... longtemps.... Si votre walker est correctement réglé et correctement chargé et si vous avez pratiqué et travaillé avec pendant une bonne année, peut-être 2, (... ...) J'ai travaillé dur avec cette arme à feu pendant 2 ans avant que je n'aie été enclin à me dire que je "savais comment tirer avec". Cowboys n'abandonne pas ! J'ai regardé un de mes amis indien abattre une antilope sur ma propriété ce matin, avec son walker, à environ 55 yards..."

C'est incontestablement un art de vivre et de faire vivre l'arme qui s'inscrit dans la culture américaine. Voici une vidéo en anglais qui illustre le tir au Walker. C'est une arme qui trouve aux USA des conditions de tir "épanouissantes" dans des espaces ouverts, ce qui d'ailleurs est préférable, compte tenu de la fumée. En France le tir au Walker est un tir confiné en stand, ce qui ne lui donne pas le cadre qui lui convient. Je suis totalement enthousiasmé par la démonstration que fait le tireur et qui montre l'efficacité de l'arme; le levier se décroche, certes, signe que le tireur doit utiliser de fortes charges. 

Le défaut bien connu du Colt Walker
 

walker tir en cible

 
Cette image trouvée sur le site "Tir longue distance" montre les performances médiocres du Walker et affiche aussi le fonctionnement défectueux du système de fixation du levier d'armement placé sous le canon de l'arme. Je ne sais pas si le tireur (que j'appellerai X) s'enorgueillissait de ce tir ou s'il voulait faire croire que le Walker 1847 est un bourrin dont le tir à 25m tient plus de l'arrosage que du tir ?

Sur les Walkers, la fixation se trouve à la base du levier et sous l'effet de forte charge, il se décroche. Pour remédier à ce problème, X a placé un morceau de cuir qui retient la chute du levier pendant le tir. Dès 1848, Colt améliorait ce système sur le Dragoon (le colt qui sort en 1848) en fixant le levier à son extrémité, système qu'adopteront ensuite la plupart des  revolvers à PN. Mais cette imperfection d'origine indique aussi la manière dont le tireur X utilise son arme, car un levier qui ne tient pas est le signe d'un usage "plein pot, à ras bord, chargé plein la gueule, bourré à bloc" selon les expressions en usage... La courroie de cuir qui maintient le levier sur la photo est cependant adaptée au style de l'époque. Autre point à surveiller:  la vis qui tient ensemble le levier et le bourroir tombe facilement et doit être serrée et vérifiée régulièrement, avant chaque usage. Une vis perdue et c'est une arme qui reste en attente de réparation... Avec les répliques Army San Marco (ASM), dont on ne trouve plus les pièces, ça peut prendre du temps et de l'argent!  

Je constate que le  tireur X  utilise des ogives (une se trouve à droite de la crosse sur la photo), mais de quel calibre ? Il n'y pas d'indication. Le "carton" est très moyen dans l'ensemble car le groupement n'est pas bon. Tirer avec 3gr de PNF2, comme indiqué sur la cible, c'est une charge très puissante. X a voulu montrer que le Walker nécessite de bourrer la bête pour obtenir finalement un tir passable à 25m, confortant ainsi la thèse que cette arme est archaïque ? Je possède 4 Walkers dont aucun n'a de levier qui décroche, ce qui me laisse penser que les tireurs qui les ont utilisés avant moi ont été raisonnables. Mon désir est de changer l'image du Walker qui ne correspond pas à la réalité. Il est souvent décrit:
  • soit comme un "bazooka", une arme qui n'est pas "pour les gonzesses", comme disent certains tireurs qui mettent leur virilité dans leur holster, mais qui sert à faire étalage de puissance plutôt qu'à rechercher un score.   
  • soit comme un revolver massif, lourd, volumineux et archaïque, tant du point de vue technique qu'esthétique ... mais qui peut encore servir à se donner des "sensations" en rapport avec la puissance (ça secoue) .
Bref à mettre sur l'étagère et à sortir 2 fois par an! Je me suis ensuite plongé avec quelques arrières pensées dans les forums qui traitent du Walker et j'ai classé les modes de chargements selon deux critères qui sont caractéristiques d'un profil de tireur:
 
 
Ceux qui tirent avec cette arme pour "les sensations" et le sentiment de puissance qu'elle leur procure
 
Je cite quelques échanges typiques de ceux qu'on trouve dans les forums:

  • "A 2,5g, tu as surtout beaucoup de bruit et de fumée, mais l'arme ne bouge pas dans la main. Un Remington à 2g sera beaucoup plus "vivant" car beaucoup plus léger. Essaye à 3,5g, tu devrais sentir la différence!" (discours qui incite à forcer le chargement pour rendre l'arme "vivante")
  • "Le Walker ou le Dragoon sont prévus pour être chargés à ras la gueule. Pas de bourre, juste la place pour poser le boulet (en général des 457), avec environ 3gr de pnf2. La précision n'est peut-être pas au rendez-vous mais les sensations...... oui !! Après faut trouver son dosage, il y a autant de paramètres que de tireurs. (discours qui incite à l'usage hasardeux du Walker: l'arme ne serait pas sensible aux différences de chargement.)
Ce dernier message me semble typique sous deux angles: d'une part il montre que cette arme n'est plus utilisée prioritairement comme une arme de tir (avec l'ambition d'atteindre la cible ), mais comme un objet qui procure du plaisir, crachant le feu, la fumée et produisant une détonation qui impressionne l'entourage: plus on charge, plus on monte soi-même en puissance... un discours couramment tenu. C'est du tir de foire ! Je ne vois d'ailleurs pas où est le plaisir de faire "rugir la bête" car le bruit impose au tireur de se mettre un casque de protection sur les oreilles : c'est essentiellement "les autres" qui profitent de cette exhibition à la James Bond! Quant à se donner des sensations dans le poignet... 
 
D'autre part je relève une idée fréquemment répandue: l'arme échappe à toute rationalité concernant le chargement. Le chargement ne tient qu'au choix du tireur et à sa personnalité. Il y aurait une sorte d'entente secrète entre le cavalier et son cheval (une sorte de bourrin). Un esprit rationnel comme le mien croit plutôt à d'autres critères plus objectifs qui expliquent la réussite d'un tir et de ses échecs: connaître son arme est essentiel, mais l'étude des trajectoires n'est ni évidente ni inutile.  
 


Ceux qui ont une conception plus exigeante de l'usage du Walker
 
 
Je poursuis donc ma lecture des forums et je relève quelques bémols de la part de tireurs concernant l'usage abusif du Walker chargé "plein pot": leurs propos modèrent l'argument selon lequel le Walker est "prévu" pour un tel fonctionnement. Je les cite:
  • "Les charges de 3 grammes avec des balles de 200 grains sont les charges d'époque, l’arme étant destinée à être la plus puissante possible! De très nombreux Walker originaux en ont souffert jusqu’à la destruction (...). Si aujourd’hui, les aciers ont fait d'énormes progrès, les répliques supportent les charges maxi, mais il est conseillé de ne pas en abuser… et Uberti ne préconise certainement pas une utilisation "plein pot" ;
  • "Charge, mais pas trop quand même ! Avec mon Uberti, je chargeais comme toi et j'ai dû renvoyer le flingue au constructeur car l'axe avait pris du jeu. Il était sous garantie mais ils ont failli me la refuser car selon eux, je l'avais utilisée anormalement (pourtant je mettais que 2,5g de PN, ce qui était trop, toujours selon eux)...."

Je cite encore un autre tireur qui découvre les qualités du revolver et qui s'en étonne:
  • "j'ai récupéré mon nouveau Walker chez (....) , j'ai bien fait gaffe à le démonter et le graisser généreusement avant le premier tir, j'ai chargé à 2.5g de PNF2 et 0.8 de semoule. J'ai tiré 4 barillets avec nettoyage de l'axe entre le 2nd et le 3eme. Je reste très surpris de la précision de la bête à 25M sur appui. Beaucoup de noir, 8 et 9 à 11h et 12 h. au moins trois tirs avec des impacts qui se touchent sur le visuel. J'avais lu beaucoup de post sur l'imprécision des Walkers et je suis vraiment très agréablement surpris ... et quelles sensations !!! J'encourage tout le monde à essayer ce colt, c'est exceptionnel..... et je maintiens qu'à 2.5g c'était déjà magnifique !

Evidemment, on n'échappe pas aux fameuses "sensations" : tirer au Walker, c'est l'aventure ! Mais ce tireur reconnaît à l'arme sa vraie fonction qui est quand même d'atteindre la cible à 25m.  C'est parfaitement possible avec un Walker, encore faut-il savoir s'en servir! J'ai donc parcouru les forums et j'ai constaté que les tireurs se limitent le plus souvent à "faire vibrer les murs" des stands et que trop rares sont ceux qui recherchent la précision relative que le Walker peut leur apporter. J'ai pris comme critère de mon  recensement,  les messages qui donnent des informations sur la charge des armes: or je constate que bon nombre de tireurs évoquent soit la charge en poudre,  soit le diamètre des balles (sans préciser s'il s'agit de rondes ou d'ogives) mais sans prendre en compte les deux critères simultanément ! Or une balle et une charge vont de pair, ce qui veut dire que pour ces tireurs, le lien entre la charge et la balle est superflu. Manque total de rigueur dans la pratique du tir ! C'est ce qui explique des résultats médiocres et la réputation injustifiée du Walker, arme qui perd sa fonction d'arme correcte pour en faire un usage ludique qui ne la valorise pas. En réalité le Walker est une arme complexe qui n'est pas à la portée des amateurs, sauf pour faire du bruit.
 

Une innovation qui va renverser l'image du Walker : un tir avec double prise en main!
 

Il m'est venu une idée: et si l'absence de fixation à l'extrémité du levier devenait un atout du Walker plutôt qu'un défaut, car ce levier rabattu permet de maintenir l'arme pendant le tir, ce qui est utile compte tenu du poids du revolver? Appelons cette innovation le tir façon "PSRauBen"... Mais attention, cette méthode oblige le tireur à ramener le levier entre chaque tir pour éviter que le bourroir (refouloir) ne bloque le barillet; un petit coup de main très facile, sinon, on ne peut pas réarmer. On gagne en stabilité, sans réduire la distance entre l'oeil, la hausse et le guidon et sans risquer de placer la main devant le barillet. Allez, je lance la mode du tir levier en main... 


Deux règles de sécurité impératives avec un Walker:
  • Se protéger les oreilles avec un casque car les explosions lors du tir sont fortes et donnent des dommages irréversibles, surtout avec des charges puissantes.
  • Ne jamais mettre la main devant le barillet d'une façon générale et surtout au moment du tir, car en cas de départ de feu en chaine, on y laisserait des doigts. 9 gr d'explosif qui partent sans prévenir, en un coup, c'est un vrai feu d'artifice!


 
2/ Essai de tir au Walker 1847, à 25m avec 1,6gr de pnSuisse et des ogives de 454  

 
 
My beautiful pictureMettons le Walker à l'épreuve : voici un tir que j'ai effectué à 25m, avec appui, avec une "réplique" (qui pour moi n'en est pas une) Uberti achetée d'occasion sur Naturabuy (vendeur Monk), C'est un essai que j'ai effectué  pour voir si le groupement était amélioré après un réalésage très léger du barillet d'origine à 11,4mm...  Mes nouveaux barillets n'ont pas été réalésés, car ils ont un diamètre supérieur à celui d'origine et l'alésoir entrait pile-poil dedans.  Le chargement :  1,6g de PNSuisse, balle rondes de 454. J'avais fait poser un guidon dérivable provisoire, avec queue d'aronde (c'est à dire encastré dans l'épaisseur du canon) : il est assez folklorique et vaguement coloré. Réglé au pif, il tirait un peu à droite et en haut! La hauteur était presque bonne, une contre visée légère ou un coup de lime sur le guidon pouvait suffire à la rectifier .
 

Au résultat, 5 balles sur 6 sont groupées. Comment expliquer qu'une s'écarte du groupement ou disparaît de la cible? Là je suis intrigué. Il va falloir vérifier différentes hypothèses : je pense que ce ne sont pas des coups de doigt au moment du lâcher de la détente; peut-être une balle mal chargée trop enfoncée, (au pire une chambre mal alignée?). Ce que j'ai constaté, c'est que cette arme peut donner un bon groupement, mais en réalité, elle en donne 3 dont les centres (étoiles à 5 branches) viennent se placer dans le quart nord-est du visuel. La solution classique (traditionnelle), c'est "la contre-visée" de telle sorte que le strabisme de l'arme la fasse tirer au centre du disque noir (visuel):  quand l'arme tire de travers (problème de canon ou de guidon), il faut viser faux (ailleurs) pour que le tir touche au bon endroit. Il est d'usage chez les tireurs de régler son arme de telle sorte qu'en tirant sous le visuel, l'impact aille au centre de celui-ci.  Les deux flèches vertes et rouges correspondent grosso modo aux 2 contre-visées à faire (les points jaunes)...  Cependant, dans l'idéal,  il faudrait un seul groupement et une seule contre-visée, alors laquelle?
 

C'est surtout le réglage latéral du guidon qui va ramener les groupements sur l'axe vertical, passant par le centre du visuel (étoile à 6 branches), ce qui est mon but. Faut-il se contenter d'une "contre-visée" ou mettre un guidon dérivable (sur queue d'aronde) permettant un déplacement latéral? C'est la 2ème solution que je retiens. Pour la hauteur, je choisis un modèle de hauteur adaptée au tir à 25m, après avoir fait des essais avec différentes tailles de guidons provisoires. Il me reste donc à remplacer ce guidon provisoire par un modèle définitif, avec fibre optique rouge, car je tire en visant au centre du visuel et le point rouge lumineux se voit mieux que les guidons en métal  (qui ne se distinguent pas bien dans le noir).  J'en ai acheté toute une série de taille graduée: le top ! L'armurier va encore me voir arriver et dire, "ça y est le revoilà avec ses flingues diaboliques", car vous vous en doutez, faire monter de la fibre optique sur un Walker, c'est une "diablerie" !  J'ose pourtant !   
 

Des groupements qui varient selon le barillet ?
 

Le groupement est donc possible (on est loin de l'arrosage du tireur X) , mais l'arme varie dans ses résultats en fonction du barillet. Qu'est-ce que cela veut dire ? Avec une arme achetée d'occasion sans connaître son histoire, tout est possible.  Ce qui m'interroge, c'est que chaque barillet chargé avec des cartouches-papier, donne non seulement des groupements localisés différemment (le 1er correspond aux pastilles rouges, le second aux vertes), mais je note également leur forme ovale (une sorte de petite gerbe) qui s'écartent du centre. Je précise que mes tirs sont assez cool: je me donne un temps assez rapide pour capter la cible et avec mon guidon provisoire assez rudimentaire, la précision ne peut pas être optimale. Voilà donc un problème nouveau: le changement de barillet peut-il à ce point modifier le tir ?  Est-ce l'arme (l'alignement barillet/canon) qui intervient ou s'agit-il d'une différence dans le chargement des 2 barillets que ne n'ai pas prise en compte (des balles trop enfoncées, un manque de semoule)?
 

Quelle contre visée choisir? Il faut refaire l'essai en veillant à charger les 2 barillets de la façon la plus rigoureusement identique et si les groupements se différencient à nouveau, alors, le choix du barillet deviendra une variable à prendre en compte dans le tir. Pour ma part, je suis un perfectionniste et quand une arme ne tire pas là où j'ai décidé qu'elle doit tirer, je lui impose mes exigences.  Pour moi, c'est l'arme qui doit être adaptée et tirer au plus près du centre du visuel (de préférence au centre). Il faut donc resserrer  les paramètres qui interviennent, limiter les variables.
 

Les chargements étaient-ils parfaitement identiques (cartouches-papier, balles rondes, peut-être). Un départ précipité pour le stand et tout n'est pas noté; ma mémoire est embarrassée. Les indications écrites sur la cible étant incomplètes, je suis dans le doute. Il faut noter de façon précise lors des préparatifs de tir toutes les données du chargement qui peuvent modifier la trajectoire des tirs et devenir des "variables" dans l'équation de la réussite.  Je n'irai pas jusqu'à mesurer le vent !
  
 
My beautiful pictureJ'en profite pour vous donner le matériel de base du tireur à la PN: semoule, pain de cire d'abeille brute, acheté chez un apiculteur (mais les abeilles disparaissent du fait des traitement: l'apiculteur a vu ses ruches tomber de 54 à 5!), paraffine achetée au super marché; vous voyez mon petit mandrin en plastique  pour rouler une cartouche (tube de stylo évasé de 7 cm), des flacons pour prise de sang achetés chez dans un laboratoire pour conserver mes cartouches et les transporter, ... pour voir le détail,  cliquez sur la photo et vous obtenez un agrandissement.


 
Nouveaux essais pour vérifier la problématique des groupements variables selon le barillet


Retour sur le stand avec le Walker Uberti et aux tripes l'envie d'en savoir plus! Cette fois-ci je charge les 3 barillets à 1,6g de PNSuisse (un barillet d'origine qui a été réalésé et 2 neufs). Balles ogivales de 454 coulées-maison, serties au maillet (pas de cartouches-papier) et qui doivent venir à 2mm des entrées de chambres. Cette fois-ci, je vais veiller à faire un chargement très précis et uniforme (je manque d'instruments de précision dans ce domaine, car j'utilise des embouts standards allant sur ma poire à poudre mais qui bizarrement n'indiquent pas tous la contenance en poudre). Je les ai vérifié avec les moyens du bord, mais je vais commander chez Conrad ou sur Amazon une cuillère balance numérique à commande digitale (un modèle Sunartis) qui permet de peser la poudre à 0,1 gr près : la commande est partie...
 

Je n'ai pas encore rectifié mon guidon: l'arme tire un peu à droite. Le 1er barillet est utilisé comme essai pour vérifier à nouveau la hauteur du guidon provisoire (qui est très haut pour un Walker: 7 mm au lieu de 3,5 mm! ). Comme lors des tirs précédents, 2 essais me confirment que 7 mm est la bonne hauteur. J'essaie une balle sous le visuel noir et une sur celui-ci (à la limite du noir et du blanc , entre le 6 et le 7) : c'est concluant. Dès la 4ème balle, j'attaque la contrevisée en visant sur la ligne horizontale qui passe par le centre, mais à gauche de celui-ci, dans le 8.
 

My beautiful picture Mes 3 dernières balles se groupent dans le bas (cercle bleu) et les impacts sont sur l'axe vertical qui passe au centre. Au 2ème barillet (ovale vert) , le tir commence à cadence soutenue; pas de nettoyage. Cette fois-ci, ça tire trop haut... Au 3ème, surprise : un groupement superbe, mais il manque une balle (peut-être celle pour laquelle j'avais oublié la semoule ?) Quand je vois le résultat, il est évident que la largeur et la position du groupement varient selon le barillet. Un de ceux-ci (groupement vert) disperse un peu. On est loin cependant des résultats du tireur X que j'ai mis en introduction de cet article. L'hypothèse du choix du barillet comme variable sensible s'affirme. Aaille !!! Malheureusement je n'ai pas numéroté sérieusement les barillets et j'ai un léger doute concernant l'ordre des tirs: le doute doit être éliminé. C'est à refaire pour confirmation, mais en repérant mieux les résultats propres à chaque barillet (je vais les numéroter au feutre permanent).

Ces résultats démontrent qu'un Wwalker peut faire des tirs groupés à 25m (avec des ogives) et avec seulement 1,6gr de pnSuisse. Ce qui prouve que les fortes charges ne sont pas nécessaires pour donner au Walker une précision "honnête"; il faut voir maintenant ce que cette arme donnerait avec des charges de 2,5gr par exemple.

Les inconvénients du tir mal contrôlé.

Je ne pense pas que les tireurs qui font de la compétion  me contrediront. Il ressort de cette petite expérimentation que le tir à la poudre noire est plein de surprises qui ne sont pas toujours compréhensibles d'emblée.  Ce qui est certain, c'est que la conjugaison de plusieurs facteurs négatifs peut entraîner un résultat médiocre, de quoi reléguer définitivement un revolver dans la vitrine du collectionneur. Ce même Walker avait donné des résultats très variables et parfois médiocres lors d'essais antérieurs, avec des charges de l'ordre de 1gr à 1,6gr et des balles soit rondes soit ogivales,  mais sans noter les détails du chargement. A cette époque je manquais de rigueur et de régularité  dans le dosage de la semoule: je remplissais à vue de nez et à chaque fois, la balle n'affleurait pas où j'avais des difficultés pour la descendre. Les groupements étaient alors plus étendus et donnaient occasionnellement des "gerbes".  C'était du bricolage!
 
My beautiful pictureVoici un carton qui montre un essai désastreux en cal 451 (sans doute avec une charge de 1gr, mais dans la précipitation du départ au stand, j'ai oublié de noter cette indication sur la cible). D'où il apparaît qu'il faut noter systématiquement le type de balle (ronde ou ogive), le calibre, la charge, le type de chargement (avec ou sans papier dans la chambre), l'enfoncement de la balle, la qualité de la graisse... car tous ces paramètres "expliquent" la valeur du résultat. Des essais répétés et une rigueur dans la notation des paramètres, un ensemble d'exigences de que je n'avais pas prévues au départ, lorsque j'ai commencé mes 1ers tirs! Mais, comme on dit "c'est le métier qui rentre" .

 
Quelle était l'origine de ces variations? Des balles trop petites, trop enfoncées, une charge trop faible et peut-être des variations dans la taille des chambres ? Je pensais que celles-ci étaient trop étroites et après des mesures précises, j'avais alors procédé à leur réalésage à 11,40mm. Puis d'autres barillets avaient été commandés et depuis, il m'est possible de faire des tests pour savoir si le barillet d'origine est en cause dans certains résultats ou si le chargement est mal fait.  
 
 
 

3/ Quelles sont les utilisations du Walker 1847 selon les tireurs ? Un peu d'humour pour traiter la question


walker 3_0001Voici donc les résultats d'un recensement très modeste auquel j'ai procédé sur le net et qui m'a laissé perplexe.  Ce tableau m'a donné l'idée de porter un regard humoristique sur les tireurs.... :
 
 
walker 4_NEWQuelle conclusion tirer de ces indications ? Que tout est possible ! Devant cette variété de chargements, il est difficile de conclure tant que les essais n'auront pas été faits avec toute la gamme des charges de PN et des types de balles !

Partons de l'hypothèse que pour un Walker 1847, la charge de poudre conseillée pourrait se situer entre 1,5gr et 2,5 grammes (peut-être), mais cette indication est trop générale, car elle ne différencie pas les charges pour balles rondes et celles pour les ogives. On dira grosso modo, qu'une ogive demande 1,6 gr pour commencer et peut-être plus (avant l'essai de ce jour, j'aurai dit 2,5gr en me fiant à l'avis des usagers... Pour le choix des calibres, il me paraît plus raisonnable de partir avec du 454, car le 457 est très fort et pour le faire entrer dans les chambres, il faut avoir un bon levier; de toute façon on martyrise les balles, le levier et le reste. Seul le Walker Uberti serait prévu pour du 457. Selon les mesures faites sur mes Walkers avant réalésage en 11,40 mm, j'ai trouvé des Army San Marco et San Paolo qui avaient des chambres très étroites et c'était un problème de forcer des balles de 454 dans celles-ci: les balles devenaient ovales, ce qui nuisait à la précision. De plus sur d'anciennes répliques de  Walkers, les chambres ont des diamètres variables et inférieurs à celui du canon, ce qui est contraire à la précision du tir ! Le diamètre d'une chambre doit être légèrement supérieur à celui du canon pour que la balle soit sertie dans le cône d'entrée. Aujourd'hui, Uberti continue la production des Walkers: il fournit des recommandations qu'on reçoit avec le carton d'emballage de l'arme lors de l'achat. Il préconisent des balles de 457. A voir à l'essai.

Le choix des balles ogivales ? Tirer à 2gr avec des balles rondes, c'est peut-être gâcher la poudre : la balle ronde est plus précise, mais  avec une charge double, la poudre ne porte pas toute sa poussée sur la balle. L'intérêt du Walker c'est d'utiliser des balles plus lourdes, bien que le pas soit lent.  c'est une question que je creuse et sur laquelle je reste prudent.
 
 
 
 
Quelques vérifications à faire pour connaître son arme  

Il existe plusieurs de répliques italiennes du Walker  : Uberti est toujours fabricant; Army San Marco et Army San Paolo ont fermé depuis pas mal de temps.  Les répliques ont des différences sensibles: il est donc nécessaire de vérifier pour chaque Walker et sur l'arme quel est le diamètre des balles à utiliser, sachant qu'il varie selon la marque de fabrication. On peut faire cette vérification d'une façon très empirique, en testant des balles de différents calibres. On les introduit dans les chambres: si c'est trop fort, si le copeau est trop épais, on passe au calibre inférieur; si ça rentre sans faire de copeau, on passe au calibre supérieur. Le copeau est un bon moyen de vérifier l'adaptation de la balle à la chambre. On peut voir ainsi quelle balle convient le mieux aux chambres, mais c'est une méthode qui ne me satisfait pas, car il y a 3 diamètres à prendre en compte; celui de la balle, celui de la chambre et celui du canon. Pour moi la règle est la suivante : Balle > Chambre > Canon.

Il est recommandé de faire des mesures précises avec un pied à coulisse au 1/100 de mm, en sachant que sur d'anciennes répliques, il y a des différences entre les diamètres des chambres. Evidemment on prend la mesure moyenne (de même pour le canon) et on fait un choix à partir de ces mesures. Cependant l'affaire n'est pas dans le sac, car prendre le diamètre intérieur d'un canon est laborieux, compte tenu des rainures qui le font varier: on risque de sous estimer. Et là on a des surprises: des chambres de diamètres variables ou un diamètre de chambre inférieur à celui du Canon... les balles vont alors flotter et se disperser... dans tous les cas, il faut procéder à un réalésage manuel pour rétablir la hiérarchie des diamètres . Ensuite on teste.

 
Que doit faire un tireur devant cette incertitude concernant le chargement? Il lui reste à se procurer un carnet de tir et à faire des essais progressifs : il partira de 1,5gr gr et il montera en charge jusqu'à 3 gr, par curiosité, en progressant par tranche de 2/10 ou de 4/10 de gramme de poudre noire. Il verra alors ce qu'il advient des balles. Mais cette expérimentation doit se faire avec des balles rondes et des ogives, donc une double expérimentation, sans compter l'utilisation ou non de cartouches papier (faire au moins quelques essais comparés). Il faut alors acheter des moules ou s'approvisionner en balles dans le commerce (voir article précédent). Pour le tireur au Walker, un long travail commence, mais on peut bien sûr aller sur le pas de tir et arroser pour le plaisir! Le tireur doit apprendre à connaître son arme, pas seulement par accoutumance, mais par des mesures, des vérifications, ce qui est la seule et incontournable méthode en matière de poudre noire. C'est tout un travail qui constitue aussi la motivation du poudreux. L'oeil se met ensuite au service de l'esprit.

My beautiful pictureQuelques outils spéciaux à se procurer quand on travaille sur les revolvers : la loupe est nécessaire pour vérifier les poinçons, les marques (logos); les limes diamantées pour travailler le réglage de la détente, adoucir ou modifier certaines pièces, etc. J'ai aussi un endoscope (acheté chez Conrad) pour vérifier l'alignement des chambres et du canon. Le tournevis doit être très solide (acier trempé spécial armurerie) et plat à l'extrémité, car les têtes de vis ne supportent pas les tournevis du commerce, qui sont de section presque triangulaire. La clé de démontage des cheminées doit être de ce modèle, lourde et en croix, pour faire "volant d'inertie" (elle tourne alors toute seule).
 
Les groupements et leur régularité sont les indices d'une arme qui fonctionne bien. Mais comment relever les résultats, les évaluer, les noter? ? Il faut garder les cibles, les classer, les annoter. Il faut numéroter les tirs (avec des pastilles de couleur qui changent selon le barillet, ce qui permet ensuite de vérifier l'évolution des impacts au cours des tirs et des barillets successifs). Plus le groupement s'élargit, plus le tir est mauvais, plus il se resserre, meilleur est le tir. Ensuite on ramènera le groupement vers le centre de la cible en jouant sur la visée. Pourquoi ne pas noter les groupements en fonction de leur diamètre, en fonction de cercles concentriques ? Il faut mettre au point un système d'évaluation.  Je ne me réfère pas aux notations qui se pratiquent en concours, c'est un autre univers. Si c'est un groupement ovale, on peut prendre le diamètre le plus large et faire la moyenne avec le plus petit. Il suffit alors de se faire un étalonnage. Parfois, on a un bon groupement mais avec des "flys", des balles isolées qui se dispersent, c'est moins grave, mais il faut en chercher la cause. De toute façon en PN, on ne supprime pas les flys: on en réduit le nombre. L'encrassement de l'arme après le 2ème barillet altère la qualité du tir: on change de barillet et on nettoie un peu l'axe et le canon, sinon on perd en précision. Voilà le principe de la recherche:
 

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4 -  Achat de Walkers d'occasion sur NaturaBuy: attention aux ventes d'armes défectueuses!  


Je vais aborder maintenant la restauration (en cours) de 2 Walkers ASM, des "reliques" (qui furent des répliques) achetés sur le site NaturaBuy : l'un comme l'autre étaient impropres au tir. Ces vendeurs sont plutôt des récupérateurs de "flingues destinés à être exposés sur l'étagère", jolis parfois, mais mécaniquement épuisés!  Certains vendeurs n'hésitent pas à les présenter comme des armes en état de fonctionnement: pourquoi ne pas parler de ferrailleurs ou de brocanteurs au noir?  J'ai reçu ainsi un Walker vendu par Roccoco dont le mécanisme était plein à ras bord de résidus de poudre; un vrai cendrier !

Je vais donc ouvrir une parenthèse sur mes achats de Walkers ASM sur ce site, ceci pour apporter aux amateurs de revolvers à poudre noire quelques informations sur le marché des armes d'occasion et sur les pièges à éviter.
 

Le 1er des deux WALKER était vendu par Monk, sur "NB" (NaturaBuy) ! Le revolver présentait de gros soucis, l'apparence était belle, mais l'arme bonne pour le musée. Nouveau tireur, je ne pouvais pas faire un diagnostic lors de la réception. Sur le site, les évaluations du vendeurs étaient positives: j'ai acheté. Les vieilles armes (je parle des reproductions) ont un charme particulier et l'achat d'un Army San Marco d'occasion peut présenter un attrait qui justifient certains risques, mais en prenant des précautions vis à vis du vendeur, précautions que le site permet, mais que le vendeur peut ne pas respecter. A-t-on vu sur "NB" autre chose que des revolvers à PN qui "n'attendent qu'un acheteur pour retourner au stand" ?! L'indexation, le jeu du barillet et l'entrefer sont toujours "annoncés" comme étant "corrects", formules creuses, qui lors de la réception de l'arme s'avèrent peut être plus ou moins vraies, mais l'arme cache peut-être d'autre vices qu'on n'évoque pas. Ce site ne présente comme seule garantie pour l'acheteur, que la réputation du vendeur. Il est prévu un système de notation qui en théorie protège les acheteurs des ventes pourries, mais l'acheteur exigeant qui pénalise un vendeur par des appréciations critiques, se trouve ensuite pénalisé à son tour par une côte négative qui met les autres vendeurs en alerte: sur NaturaBuy, certains vendeurs ont l'oeil. Les évaluations sont donc particulièrement flatteuses de part et d'autre! Autrement dit pas de garantie.

 
My beautiful picture1ère précaution : n'acheter que des armes dont le vendeur présente les numéros et la marque avec des photos suffisamment nettes, car les photos floues permettent des déclarations sans preuve et sont des arnaques potentielles, pour ne pas dire probables. Je suppose que quand les numéros des armes ne sont pas visibles, on peut aussi présenter des photos qui ne sont pas celles de l'arme concernée (il faut alors vérifier les dessins du jaspage à réception). Un  révolver qui a "un vécu", peut réserver des surprises, avoir été modifié, reconstitué à partir d'éléments récupérés et adaptés. Il faut comparer les différents N° inscrits sur l'arme : ici, sur la photo, il ne fait aucun doute que l'arme n'est pas faite de pièces récupérées sur d'anciennes répliques, car on peut constater que les numéros sont identiques sur la carcasse, sur le canon et sur la sous-garde. Un bon point; c'est un critère important, sinon on peut avoir une arme dont les pièces ne sont pas cohérentes ou retouchées: selon les fabricants, il y a des variations de taille par rapport au modèle d'origine; les axes et les barillets diffèrent. Le modèle Uberti est nettement affiné au niveau de la crosse; les pièces internes ne sont pas aux mêmes dimensions. Un barillet de Colt Walker Army San Marco n'est pas nécessairement transposable sur un autre de la même marque !    
 

Il est donc important de prévoir, en accord avec le vendeur, une "reprise" et un remboursement (ce qui est loin d'être facile à négocier) si l'arme est défectueuse. Il faut surtout ne pas craindre de questionner sur plusieurs points: les têtes de vis sont-elles en bon état? sont-elles démontables, etc... On voit alors le vendeur donner des signes de mécontentement, ou répondre par des remarques désinvoltes. Une vente sur le site NB devrait obligatoirement montrer les numéros et la marque, surtout lorsqu'il s'agit d'un modèle Uberti qui doit alors posséder le poinçon caractéristique : le canon en coupe, avec le U. Or on voit nombre d'annonces sur ce site qui prétendent vendre des revolvers Uberti sans présenter le logo! Demander au vendeur de publier les marques donnent lieu alors des réactions agacées. NaturaBuy encourage la dissimulation en permettant au vendeur de supprimer les messages (questions) qui le dérangent : seules restent visibles des questions qui éludent les défauts éventuels de l'arme, ce qui pour moi rend évident le fait que ce site préfère vendre de la merde plutôt que garantir des transactions fiables, il y va de sa commission sur les ventes.


Cependant certaines armes de la marque Uberti n'ont pas toujours le poinçon car le fabricant est un peu pingre sur le logo (à l'opposé de Pietta qui en met partout et d'ASM qui ne varie pas dans l'inscription de la marque mais la rend discrète) : c'est une question que je me pose: quel est l'intérêt du fabricant de ne pas apposer son logo, qu'est ce que cela cache : de la sous-traitance ? J'ai encore vu récemment un Walker Uberti neuf, dans sa boîte, en vente chez un armurier: pas de logo, seulement l'inscription sous le canon et des numéros qui correspondent... ça me laisse rêveur.

Je recommande au nouveau tireur de lire un article de l'armurier du site "Freelancers", pour comprendre comment on doit examiner l'état d'une arme, comment découvrir ses défauts et en conclure qu'il est facile de se faire arnaquer en achetant sur photo une arme d'occasion qui, à la livraison, ne respectera pas les critères du bon fonctionnement.  Voici l'article concernant le bon état d'une arme:
 
Restauration d'un Walker ASM acheté à Monk sur "NB"
 
Monk fait partie des gens qui font de la vente sur NB. Je précise que le Walker Uberti que j'ai évoqué précédemment est également une arme qui m'a été vendue par lui : elle ne présentait  aucun vice mettant en cause le fonctionnement de l'arme, mis à part a tenu de l'armé qui demandait de refaire le cran.

A cette époque, je ne savait pas comment vérifier l'état de fonctionnement d'un Colt Walker et c'est après coup que j'ai découvert les défauts de cette arme. Le problème majeur de mon Walker ASM concernait un défaut de parallélisme entre le canon et le barillet et un entrefer très important qui rendaient l'arme impropre au tir. Enfin, le canon bougeait sur l'axe et il fallait serrer la clavette à fond pour qu’il tienne!! J'ajoute que l'axe de la détente était complètement bloqué, problème grave: il a alors fallu couper l'axe, et en refaire un nouveau ... Merci à Yan M... , un ami anglais et poudreux, qui fréquente mon club, un inconditionnel comme moi de la poudre noire et qui m'a donné un sérieux coup de main pour cette réparation. Le blocage de l'axe rendait impossible le démontage complet du mécanisme du revolver et son nettoyage. Pour finir, le cran de mire était tellement entaillé (avec peut-être un disque à métaux, car l'acier des chiens est très dur)  que le guidon a bien du mal à se placer au centre en raison de l'écartement! Vendre ce Walker sans avertir l'acheteur de son état était pour le moins malhonnête, mais sur NaturaBuy, c'est à l'acheteur de faire le choix du vendeur honnête...

Voici donc le revolver tel qu'il est aujourd'hui, superbe:  débronzé, déjaspé (car le jaspage était moche), avec un barillet modifié où les amorces sont totalement dégagées... et enfin un guidon dérivable provisoire qui peut surprendre un puriste de la PN! Mais ce que cette arme ne montre pas, c'est le travail que j'ai fait pour la remettre en fonctionnement...

 
My beautiful picture

 
 
Dès lors que l’entre-fer était trop important, il fallait ramener le canon plus près du barillet et de la carcasse. Il fallait donc le faire avancer un peu sur l'axe, sachant que, du coup, l'alignement des pièces de serrage (la console du canon et l'axe)  et les points d'appuis pouvait être sérieusement perturbés. Voici le travail qui a été effectué : 
  1. Pour cela il fallait limer en (D) l'axe qui tient ensemble le barillet et le canon, car il butait au fond de la cavité où il se loge à l'intérieur du bloc canon (comme l’extrémité de l'axe était plate et le fond sphérique, j’ai simplement limé le bord de l’axe);
  2. Il fallait réduire l'axe juste avant le barillet pour permettre au canon d'avancer d'1 mm sur la partie conique de l'axe (en C) qui s'élargissait.
  3. Il fallait ensuite limer la partie du bloc canon (en B) qui reçoit les 2 ergots (e) et cela jusqu’à ce que le parallélisme canon/barillet soit rétabli;
  4. Enfin j’ai donné un petit coup de perceuse dans les logements des ergots (en B) !

My beautiful pictureLe parallélisme était presque rétabli, l’entrefer résorbé … mais il restait la clavette, car celle-ci n’est pas prévue pour une avancée du canon sur l’axe et l’alignement des deux orifices rectangulaire destinés au passage de celle-ci était décalé. Du coup, c’est le serrage qui ne fonctionnait plus! Autrement dit, arrivé à la fin de ce travail, le canon bougeait sur l’axe car la clavette ne serrait plus (elle était trop étroite)  et d'autre part, l'avancée de l'axe n'offrait plus qu'un léger de dépassement pour permettre la poussée de la clavette.  J’ai mis une clavette plus large et j'essaie de ne pas écraser le poil de dépassement de l'axe qui reste, sinon il faudrait engager une autre intervention chirurgicale! Le Walker est donc revenu en état de fonctionnement, avec un entrefer adapté! Les 1ers essais sur le pas de tir étaient normaux.








 


Le rôle essentiel de la clavette dans le fonctionnement des colts et son réglage

Cette restauration me permet d'amener une information sur le fonctionnement spécifique des colts. Le schéma ci-dessous permet de comprendre comment fonctionne la clavette d'un Walker, pièce très sensible pour une arme exposée à de fortes charges. Il explique comment elle tient ensemble les parties du revolver, comment elle assure le jeu nécessaire entre le canon et le barillet (un entrefer normal de 1/15 de mm), comment on doit la serrer sans toutefois bloquer le barillet contre le canon (sinon il ne tourne plus et se bloque dès que l'encrassement crée un frottement), comment on peut remédier à l'absence de serrage d'une clavette qui n'a plus les appuis nécessaires: c'est l'étape suivante qui sera abordée concernant un autre Walker acheté d'occasion, sur NaturaBuy, le site des affaires risquées ... et à prix élevé!

 

rôle de la clavette walker _NEWLe schéma en coupe, vu au dessus du canon et du barillet, indique comment la clavette prend appui sur l'axe en obligeant le bloc canon à se rapprocher du barillet si on pousse la clavette dans les cavités qui lui sont réservées, en forçant un peu. Ce qui arrête l'avancée du canon, c'est d'une part le fait qu'il bute sur l'axe (normalement il doit rester un peu de vide au fond du logement qui reçoit l'axe, sinon on ne pourrait pas serrer la clavette), et c'est le caractère conique de l'axe, avant le barillet, qui finit par bloquer l'avancée du canon. C'est à la fois un système très ingénieux propre aux Colts et c'est toute la difficulté à y remédier quand la cavité dans l'axe s'est trop usée. Je pense que les revolvers à carcasse fermée ont supprimé cette technique  qui prend du jeu avec le temps et un peu délicate pour des revolvers qui tirent "plein pot".


Restauration d'un Walker ASM acheté au vendeur Roccoco sur le site de NaturaBuy 

 
Sur la photo qui suit on voit sans l'ombre d'un doute le problème posé par ce revolver, qui lui aussi a le charme des anciens Walker produits par ASM ou San Maolo (repris ensuite par Euroarms). Je précise que ces modèles ont des crosses plus massives que celles des Uberti qui sont produits actuellement.

 
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Le constat du défaut de l'arme.

Comme on le voit, le jeu entre le canon et le barillet est mesuré avec des cales et le verdict tombe : jeu trop important (75/100 de mm), ce qui constitue un entrefer excessif et problématique. Je vais donc tenter de procéder de la même façon que j'ai restauré le Walker acheté à Monk . Il faut d'abord vérifier comment se positionne la clavette et vérifier (en A) ses appuis dans l'axe et dans le passage prévu pour la clavette dans la console du canon, en regardant à l'oeil nu, si la partie de l'axe prévue pour l'appui a encore un peu de dépassement par rapport à B. Si c'est le cas, la restauration sera identique, sinon, une intervention chirurgicale plus délicate sera nécessaire, mais en ayant en tête la compréhension du fonctionnement.

Premier constat, au point (A) sur la photo : il n'y a plus de dépassement de l'axe, tout au plus 1/10 de mm par rapport à (B) , ce qui veut dire que si on avance le canon pour résorber l'entrefer, il fera disparaître le petit dépassement de l'axe en A et la clavette n'aura plus d'appui sur celui-ci;  elle se mettra alors en appui sur la console du canon en (B), ce qui ne sert à rien. Quelle solution ? Il faudra alors limer la console d'1,5 mm en bordure de la fenêtre en (B), de chaque côté de l'arme, pour que l'axe réapparaisse et pour ce faire,  il faut des outils spéciaux : des limes diamantées permettant attaquer l'acier (actuellement il est difficile de trouver des limes plates qui travaillent sur champ).


My beautiful pictureMy beautiful picture2ème vérification : les numéros sont bien visibles. Tout est d'origine, donc les pièces mal ajustées ne résultent pas de bricolages entre des modèles proches . C'est une arme fabriquée par Amy San Marco (année XXX), marque qui est inscrite en tout petit, comme c'est l'usage, sur la carcasse jaspée et sous le barillet. Il est important d'avoir le N° du revolver dans la commande et la correspondance en cas de recours.


 



 
La réparation est-elle possible ? 
 
Nous allons maintenant réfléchir à la méthode de réparation de cette arme, qui en l'état, est bonne pour la vitrine. A suivre ....
 


L'indexation (partie en cours)  


Lorsqu'on arme doucement le chien, on doit entendre 3 clics successifs. On commence par tirer le chien légérement. le verrou entre alors dans la carcasse (sous le barillet), ce qui libère le barillet. Il peut alors tourner.


- 1er clic : le cran de demi-armé,
- 2ème clic : le verrou est relâché,
- 3ème clic : le cran d'armé.

Une arme achetée d'occasion doit avoir un bonne "indexation" et placer le barillet exactement là où il doit se trouver pour assurer l'alignement de la chambre et du canon au moment du départ de feu. Un décalage entre la chambre et le canon, un barillet qui tourne mal, qui ne s'arrête pas à l'endroit prévu, ou qui a du jeu en position arrêt est dangereux. Ce problème est délicat et demande une compréhension des mécanismes qui asssurent la rotation, le positionnement et la stabilité du barillet. Le doigt élévateur et le verrou de barillet sont des pièces essentielles qui s'usent et doivent être remplacées, mais les encoches du barillet peuvent également s'user et contribuer à donner du jeu. Bien entendu, il ne faut pas modifier la longueur du doigt élévateur, sans précautions. Les problèmes peuvent provenir de plusieurs causes, notamment:

  • - Ressort d'arrêtoir trop faible (il ne pousse pas l'arrêtoir suffisamment fort, donc vite) vers le haut et rate l'encoche, du coup le barillet n'est plus stoppé;
  • - arrêtoir usé, trop arrondi, et il "glisse" sur le bord de l'encoche ;
  • - encoche aux bords arrondis, donc même phénomène ;
  • - arrêtoir trop neuf, relié à un bord d'encoche trop neuf et il n'a pas le temps d'entrer dans l'encoche...
Comment constate-t-on le défaut d'alignement? Et qu'est ce que l'indexation ? (extrait d'un forum "Tir longue distance")

- L'indexation est la faculté du mécanisme à mettre le barillet en place puis à le verrouiller avant que le coup ne parte en DA et / ou que le chien soit à l'armé en SA.
- Le défaut de verrouillage est la capacité de tirer sans que le barillet soit verrouillé et ça cause des problèmes évidents d'alignement aléatoire.
- Le jeu en rotation au verrouillage du barillet est la possibilité pour ton barillet de quitter l'alignement alors que l'arrêtoir est dans l'encoche.
- Le défaut structurel d'alignement, c'est une chambre forée au mauvais endroit.

Le doigt élévateur qui monte et descend lorsqu'on arme le chien, entraîne en rotation le barillet (il prend appui sur les crans de la rosette, à l'arrière du barillet) . Si il est trop longue, on arrivera pas à armer le chien jusqu'au cran, si il est trop court la chambre n'arrivera pas en face du canon. Il faut donc ajuster au besoin la longueur du doigt (généralement la longueur est bonne). Ensuite, on va polir entièrement la pièce pour réduire les frottements et adoucir l'armé.

Les armes d'occasion sont donc exposées à des dysfonctionnements de l'indexation du barillet qui sont à considérer comme dangereux : l'arme doit être alors retirée des activités de tir et les pièces défectueuses changées ou vérifiées par un professionnel. Voici un site [Gunsmith.fr; Le site participatif sur les armes anciennes] qui donne des informations sur les préparations et les petites pièces mécaniques, ainsi que des informations concernant les étapes du mouvement du chien et les "clics". On y voit en gros plan les pièces les plus petites et les plus fragiles d'un colt. A consulter.
 

 
Voici 2 photos montrant le doigt élévateur et la rosette crantée à l'arrière du barillet sur laquelle le doigt élévateur exerce une poussée (ascendante) pour faire tourner le barillet; le bloc mécanique qui organise la coordination des actions dans ce que l'on appelle "la platine" , c'est "le chien". Quand on le bascule (ce qu'on appelle armer le chien sur un révolver simple action), il va enclencher différentes actions qui se traduisent par des clics sonores et successifs. Il agit sur le doigt élévateur, sur le verrou de barillet (qui est également bilame) et sur le ressort bilame (lui agit sur la détente et sur le verrou en les obligeant à revenir à leur position dès qu'on n'exerce plus de pression sur eux ): trois pièces dont le bon état assure le bon fonctionnement de l'arme.

 

2 commentaires:

  1. Voilà un article très complet sur ce révolver mythique !
    possédant un ASM depuis 20 ans, je pensais justement m'attaquer à l'entrefer qui est trp important. Là, ça va m'aider !
    Merci

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  2. Bonjour, votre blog est parfait !

    Cependant, pourriez vous le doter d'une adresse Email ou l'on pourrait vous contacter ?

    Mon mail : obsoletement@yahoo.fr

    Amitiés d'un autre customiseur de VValker .

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