Historique: les revolvers à poudre noire, cal .44, à carcasse ouverte


 

1ère partie de l'article concernant l'historique : 



 
1- Les révolvers Colts à poudre noire, cal .44, à carcasse ouverte 
 

Après l'introduction (voir dans "archives" à gauche, la liste de mes articles) où j'ai posé quelques principes d'ordre culturel et politique concernant le droit de disposer d'armes, je commence cette 2ème partie de mon tour d'horizon sur les armes à poudre noire en cal .44 (et leur usage pour le tir en tant qu'activité de loisir), en traitant des revolvers Colts cal.44 à carcasse ouverte. Partant du Walker 1847 pour aboutir au Colt 1860, je ne chercherai pas à faire un inventaire de toutes les déclinaisons des modèles qui ont été fabriqués et commercialisés souvent en plusieurs versions, avec des petites variations d'ordre esthétique ou technique: je me limiterai à donner les grandes lignes d'une évolution et des fonctionnements en calibre 44. Je rappelle que mon but et d'initier à la PN dans l'optique d'une culture minimale permettant de comprendre le processus d'évolution et ses caractéristiques mécaniques, puis la préparation de l'arme avant le tir et l'entretien après le tir. En gros :
 
  • je traiterai du Walker 1847 et de sa technologie , dont Samuel Colt est l'inventeur : mon article N° 5 est consacré entièrement à ce révolver mal connu pour en vanter les qualités et les quelques défauts
  • je survolerai le Dragoon qui est en quelque sorte une réduction de son prédécesseur, avec une modification du système de fixation du lévier,
  • je traiterai du Colt 1851 (dont il existe beaucoup de variantes) et du fonctionnement (ainsi que du démontage) des Colts, en général, qui ont gardé leur mécanisme d'origine, avec de légères modifications,
  • je finirai avec le meilleur Colt que Samuel fabriqua devant l'éternel; le Colt 1860, dont dérivent les modèle 1861 et 1862..
  • entre temps, j'évoquerai un ou deux modèles qui leur sont contemporains


1/ Avant les revolvers à poudre noire  ? 


Commençons l'histoire des armes de poing à "percussion", c'est à dire des armes qui utilisent de la poudre noire, au moment du passage des pistolets mono coups aux revolvers à barillet: c'est Samuel Colt qui en est l'inventeur. Avant Samuel Colt, on utilisait, comme arme de poing, le pistolet mono coup à chargement par la bouche (muzzleloader revolver) dont voici un modèle : les pistolets type Kentucky, Hawken, Patriot, etc... sont des armes avec lesquelles on tire encore volontiers sur un stand de tir, comme le montre la cible. Entre 1820 et 1840 les poivrières à percussion apparaissent plus élaborées, qui introduisent l'idée du barillet rotatif et dont voici un modèle : les Allan & Thumber pepper box pistol.
 





      
   


 
 



 

Quelques réflexions concernant ce tournant de l'histoire.

C'est à cette époque que naquit Samuel Colt, l'homme providentiel qui fit avancer la civilisation à grands pas vers l'égalité entre les citoyens sans passer par la case "des urnes et des bureaux de votes". "Quelle différence y a-t-il entre une urne et une toilette ? C'est la largeur du trou dans lequel on passe le papier qui fait la différence, sinon c'est toujours un trou à m..." (PSRauBen )

Pour résumer l'histoire, il y a l'époque féodale et monarchique durant laquelle les mots "liberté et égalité" n'ont aucun sens. Puis arrive l'ére du Colt .... c'est une version américaine "son et lumière" des idéaux des "Lumières" qui s'étaient répandus en Europe. Aux Etats Unis, le Colt donna aux mots liberté et égalité une vraie signification. Et enfin aujourd'hui, il y a l'ère des urnes et du veau désarmé... qui confie sa liberté à l'Etat. A vous de choisir. On dit (c'est une légende) que "Dieu rendit les hommes tous égaux, mais que Samuel Colt les rendit encore plus égaux" comme aurait dit Coluche, à qui je dédie à cette occasion une pensée! Tout cela est faux, parce que Dieu n'a jamais eu le sens de l'égalité, sauf envers les morts! Bien entendu, la guerre 14-18 et la suivante, démontrèrent que l'égalité n'existe même pas devant la mort, car dans les instants qui la précèdent, la machine de guerre entre les mains des Etats distribue les tickets perdants avec un cynisme certain et des désavantages en nature: c'est comme cela que mon grand père tira un billet gagnant, mais y laissa une jambe !  Néanmoins, le revolver fut une étape vers la liberté, car sans revolver, sans que chacun possède le moyen de défendre ses biens et sa famille et un droit légitime à le faire, qui le ferait ? ... L'Etat ? Vous voulez me faire rire? Et bien ce droit rétrécit à vue d'oeil depuis que les urnes se multiplient et se perfectionnent: bientôt on vous mettra une puce dans la tête et le vote se fera instantanément et toutes les 3mm ... ce qui vous épargnera de réfléchir sur la question de savoir "à quoi sert le vote ? "


L'Histoire de Samuel Colt


Samuel Colt est né dans une famille très modeste touchée par des drames multiples : ses parents quittèrent la ferme pour aller en ville. Sa mère mourut quand il avait 7 ans et il perdit 2 sœurs, puis plus tard une 3ème et enfin un de ses frères qui, tous les deux, se suicidèrent. Samuel fut envoyé dans une ferme à Glastonbury à l'âge de onze ans pour y travailler et aller à l'école. À Glastonbury il lut le "Compendium of Knowledge", une encyclopédie scientifique qu'il préférait lire plutôt que d'étudier la bible. L'encyclopédie contenait des articles sur Robert Fulton, ainsi que sur la poudre noire. Ses lectures lui procurèrent la motivation ainsi que des idées qui l'influencèrent tout au long de sa vie. En lisant le Compedium il apprit "que Robert Fulton et d'autres inventeurs accomplirent des choses que l'on croyait impossibles... jusqu'à ce qu'elles se réalisent". Plus tard en entendant des soldats parler du succès d'un fusil à deux canons et de l'impossibilité de créer une arme pouvant tirer cinq ou six fois, Colt décida qu'il serait l'inventeur qui concevrait cette arme "impossible". Très porté sur la culture scientifique, il allait relever ce défi et ses frères allaient lui apporter un soutien constant. Un destin exceptionnel que cette époque permettait.
 
 

 
 

2/ Le "Paterson 1836", cal .36… la 1ère étape d'une révolution en marche !  


Cette très belle arme de poing à répétition, produite en cal .28, puis .36 par Samuel Colt, fut une révolution dans le monde des armes, étant capable de tirer cinq coups successivement grâce à son magasin rotatif. Elle présentait une nouvelle cartouche à l’entrée du canon à chaque action du mécanisme qui entraînait la rotation du barillet. La détente était rabattable, sans pontet, comme cela se faisait souvent.



  
 
Les brevets déposés par Colt lui assurèrent le monopole de la fabrication jusqu’en 1857, ce qui lui donna un énorme avantage sur ses concurrents. Ses droits couvraient son système à barillet et l’amorçage des charges. Toutefois ce revolver ne possédait pas de refouloir permettant d’introduire les balles en force dans les chambres, il était donc accompagné d’un levier qu’on bloquait dans l’axe du barillet. Bien que révolutionnaire et très fonctionnelle, l’arme, trop chère, ne connut pas l’impact qu’elle aurait dû avoir. Les pistolets mono coup à chargement par la bouche restaient d’usage.
 


3/ Son successeur, Le "Walker 1847", cal .44 : une arme puissante et suffisamment précise!  

 



Le Paterson 1836, fut suivi en 1847 par le Walker 1847, dont voici la photo : un revolver « simple action » en calibre 44, d'un gabarit nettement massif, surnommé "Handgun Canon" : une arme de 2,2 Kg, longue de 40 cm, qui était lourde pour un tir à bras franc. Considéré aujourd’hui comme un animal hors norme en raison de son poids et critiqué pour son refouloir (qui a tendance à se décrocher lorsque l’arme est utilisée à trop forte charge), le Walker est aujourd’hui perçu comme un canon « à chasser le buffle » ! Ce fut l'arme de poing la plus puissante pendant près de 100 ans et qui inspire toujours le respect. Elle consommait 2 fois plus de poudre que les Colts 1860 et les Remingtons 1858, pour le même calibre, une bête conçue pour pouvoir abattre un cheval à 100 mètres. En réalité, c’est une arme parfaitement moderne, pratique, fonctionnelle et puissante, mais sans aller jusqu’à maltraiter le matériel !

Les Walkers (Uberti notamment), permettent une précision correcte à 25m. La puissance de tir reste son ambition majeure, dit-on. Sans aller jusqu’à des charges de 50-60 grains (4 gr) de poudre noire, qui usent prématurément l’arme, des demi-charges 1,5gr à 2gr devraient parfaitement correspondre à l’utilisation de balles ogivales qui demandent de la poussée, mais avec une précision moindre que la balle ronde.

 
Petit historique concernant la création du Walker
 
 
Cette arme fut "commandée" par un militaire, le Capitaine Walker, officier des Texas Rangers qui avait notamment combattu les indiens. Face à des armes de poing mono coup, il avait senti le potentiel d'un revolver (à 6 coups) dans la continuité du Paterson, mais avec des améliorations. C'est lui qui fixa les critères de fabrication et d'équipement de l'arme (il la voulait puissante, maniable, avec un pontet qui n'existait pas sur le Paterson) et cette commande donna lieu au Colt "Walker" que Samuel Colt conçut et qu'il s'engagea à fabriquer en s'adressant à des sous traitants. L'arme fut fabriquée en 1100 exemplaires seulement, sous sa direction. N'ayant pas d’usine, il s’associa à Éli Whitney Junior (un autre fabricant d'arme, renommé) pour le produire en 1847. Le revolver fut le fruit d'un partenariat entre Walker (demandeur), Colt (concepteur) et Whitney (fabricant). Il fut adopté en 1848 par l'Armée américaine pour la Cavalerie (les US Mounted Riflemen) engagée contre le Mexique en remplacement du Colt Paterson. Les cavaliers furent équipés de 2 armes (portées dans des sacoches devant la selle ) et Walker les utilisa au combat contre les mexicains, mais il fut tué par un mono coup: "cruel destin" pour ce partisan des armes à barillet !

L'imposant barillet du Walker est prévu pour 3,9 grammes de poudre noire et une balle ogivale de calibre .44 (.454, donc en réalité un cal .45). La charge de poudre peut exceptionnellement monter jusqu'à 4 grammes, dite « charge de guerre ». C'est le plus gros, le plus lourd et le plus puissant revolver à poudre noire jamais fabriqué, avec un canon de 9 pouces, d'une puissance "légèrement" supérieure à un 357 magnum moderne. Sa distance d'engagement pratique est de 100 yards, soit plus de 90 mètres!
 
 
Le court destin d'une arme légendaire !
 
 
Ce contrat relança Samuel Colt, après les avatars de son premier revolver, le Paterson 1836. Sur les 1.100 Walkers fabriqués (500 paires pour les militaires, et 100 unités pour le marché civil) très peu subsistent, car dès leur mise en service, des faiblesses dans l'acier des barillets les faisaient éclater. Outre la fragilité des aciers de l'époque (cast iron), l’usage qu’en faisaient les soldats expliquait les explosions : COLT avait prévu des chambres profondes pour pouvoir recharger avec de la poudre à canon, mais les soldats chargeaient « plein pot » avec de la poudre fine qui demandait un chargement plus léger, sans parler des balles qu'ils inversaient pour des raisons de facilité de chargement. Cette arme allait se prolonger à travers la série des Dragoon, très populaires, qui sont en quelques sortes des modèles "sheriff" du Colt Walker avec des améliorations  et qui se sont vendus en grande quantité.
 
Le modèle walker 1847 possédait les caractéristiques des revolvers Colt des années suivantes : peu de pièces mobiles, pontet en laiton coulé avec la sous-garde, refouloir, nez du chien comportant la hausse.
 
Il fut d'abord suivi en 1848 par le revolver le Whitneyville Walker très proche, mais avec toutes les modifications qui annonçaient le Dragoon: notamment une réduction du barillet et un système de fermeture du levier de chargement placé à l'extrémité sous le canon. Le Withneyville est très recherché, à mi-chemin entre le Walker et le Dragoon.  La fabrication du Walker fut donc abandonnée et remplacée par celle de ses successeurs, notamment le "Dragoon" qui connut un réel succès; ,


L’histoire est faite d’échecs qui auraient pu devenir des réussites, La "massivité" du Walker est donc liée à la métallurgie défaillante de l’époque qui ne répondait pas aux exigences d’un cal .44. Ce n’est qu’en 1855 environ que la fabrication des aciers fit un saut qualitatif qui permettait d’alléger les armes. Voici deux vidéos en anglais (EU) qui présentent le Walker 1847. Les revolvers actuels ont les caractéristiques de l’arme d’origine, mais avec l’avantage d’avoir été fabriqués avec des aciers contemporains parfaitement résistants, ce qui permet aux tireurs de charger l’arme parfois trop copieusement à la poudre fine.
Sur cette vidéo on remarque que l’arme du tireur n’est pas suffisamment préparée, car au démontage, la clavette et le canon sortent difficilement, ce qui doit être amélioré. Le tireur souligne cependant la nécessité de ne pas serrer le canon contre le barillet en enfonçant trop la clavette.

Voici ensuite une autre vidéo de Mike Beliveau qui présente le Walker Uberti et nous donne un festival de tirs ratés. Mais le plaisir y est !
 Le Walker comme d’autres Colts a été modifié plus tard pour recevoir un « barillet de conversion » destiné aux cartouches métalliques (mais en France, cette modification fait passer l’arme de la 8ème à la 4ème catégorie ).

 
La mécanique de base du Colt, depuis le Walker 1847 jusqu'au Colt 1862...


nom des pièces colt Walker

 
L’ensemble mécanique comporte le chien (5), 4 petites pièces très sensibles : le bilame (3), le verrou ou arrêtoir (2), le doigt élévateur (1) la détente (4) et le grand ressort de chien en V  (7) qui se loge dans la crosse, pièce en bois creuse. Elle est cerclée à l’arrière par un cadre en acier qui est fixé en haut, derrière la carcasse et qui est vissé en bas sur la pièce en laiton (8) faisant corps avec le pontet (9). Le levier de chargement + le refouloir (10) et la clavette (11) constituent les pièces mobiles. On voit dans le canon une fenêtre qui correspond à celle située en bout de l’axe de barillet, 2 fenêtres qui doivent s'ajuster, dans lesquelles se loge la clavette de maintien de l’ensemble du revolver : lorsqu'elle s'enfonce elle serre la canon et la carcasse et tient effleurer le barillet avec un jeu minimal. On verra pourtant des Walkers qui fonctionnent avec un jeu d'1mm... car cette arme lorsqu'elle crache la poudre, fait un petit feu d'artifice ! On peut rattraper le jeu avec un peu de doigté et une lime.
 

 
4/ Le Dragoon, un Walker allégé et amélioré  
 
 

dragoon


Le Dragoon fut conçu par Samuel Colt: le fabricant allait réduire le barillet et en améliorer la solidité (ce qui impliquait de nouveaux aciers). En 1848, l'armée américaine adopta le Dragoon cal 44. Si pour l'époque, le Dragoon était une réduction nécessaire du Walker, aujourd'hui, avec la qualité de fabrication des aciers, les répliques du Walker retrouvent un intérêt certain et une actualité. Il y a ceux qui sont pour le Walker et ceux qui sont pour le Dragoon : pour l'esthétique, je pense que le Walker l'emporte dès lors que la qualité actuelle de l'acier supprime les faiblesses de l'époque et réhabilite l'arme. Le Walker a donc retrouvé la gloire avec les productions italiennes !

Le Dragoon présente une innovation importante : la fixation du levier de chargement revue et corrigée, pour éviter le défaut du Walker, dont le levier décroche en cas de tirs répétés, avec des charges puissantes. Pesant 1.9 kilos, le Dragoon ressemble beaucoup au Walker, mais avec un barillet légèrement plus court, prévu pour une charge moindre. Le Dragoon est donc un revolver plus maniable, avec un canon nettement plus court de 7 1/2 pouces et un levier qui dispose d'une bonne fixation à l'extrémité. Le revolver fut décliné selon 4 modèles successifs, avec de très légères variantes. Il s'agissait du premier revolver Colt dont les pièces étaient interchangeables avec un modèle similaire. Sur les premiers modèles produits, le pontet était à dos carré, ce qui était inhabituel à une époque aussi avancée. Le canon est toujours maintenu à l'axe du barillet par une clavette métallique, comme le seront tous les colts : c'est la pièce la plus "sensible" du système Colt, car elle tient l'ensemble de l'arme, en même temps qu'elle permet de régler l'entrefer,  le jeu nécessaire à la rotation du barillet. Sous le canon figurent le levier de chargement et le refouloir destinés à faire entrer les balles en force par l'avant des chambres, mais ce levier est désormais maintenu à son extrémité, lorsqu’il est inactif. Arme puissante, le Dragoon fut produit de 1849 à 1861 à raison d'environ 20.000 exemplaires, tous modèles confondus et Colt devint un fabricant renommé.
 


5/ Le Colt navy 1851, une arme d'origine en cal .36 et des copies en cal .44  


En 1851, Colt sortit le modèle Navy 1851, mais en calibre .36. Le Dragoon restait la référence en cal .44. Le 1851 Navy est une arme très allégée, très équilibrée, très maniable mais qui conserve toutes les caractéristiques mécaniques des colts antérieurs ainsi que leur morphologie. C'est une sorte de cure d'amaigrissement du barillet qui affine le bloc canon (qu'on appelle "console" du canon) ! Voici un très beau modèle vendu par Uberti, en cal .36.


1851_navy_lg

 
Les Italiens ont cependant créé et produit le 1851 en cal .44. tout en lui conservant l’appellation « Navy », ce qui est aberrant, mais qui permet de classer l’arme en 8ème catégorie, en la présentant comme une copie du colt d'origine. Les fabricants, ce qui est normal, prennent certaines libertés... Pietta spécialiste de la fantaisie a produit toute une série de variantes décoratives de cette arme que l’on peut qualifier de « fantaisies » et qui jouent sur la décoration (avec des motifs commémoratifs) : nickelées, gravées, peinturlurées, avec l’effigie de Buffalo Bill, avec des canons longs, courts… le Yank Sheriff par exemple. C’est le western à l’italienne !

 
Voici un 1851 Sheriff cal .44, de marque Army San Paolo, qui m'a été vendu sur Naturabuy par Calvadosian: une très jolie arme mais qui tirait au dessus de la cible! En réalité c'est un excellent revolver, une fois résolu la question de la visée (qui a été changée contre un guidon très haut, avec fibre optique rouge et dérivable): depuis l'achat, il a été fortement modifié (notamment par un débronzage du barillet et du canon, et surtout un dégagement des cheminées). une cure de jouvence... qui ne renie pas le style d'origine. Vous aurez remarqué la beauté du jaspage très nuagé de la carcasse, que j'ai conservé.





 

 
Le fonctionnement d’un Colt "simple action", calibre .44: apprendre à le démonter et le remonter 
 
Un tireur à PN doit pouvoir entretenir ses armes, les démonter et les réparer. Ce qui demande une certaine initiation. Un poudreux doit suivre l’état de son arme en se servant d’outils simples : lime, tournevis et clés de démontage des cheminées. Les vidéos de Michel Bottreau présentent le démontage et le remontage d’un Navy 1851, cal 36, à carcasse ouverte en laiton, de marque non identifiée (peut être Army San Marco ?).
Voici le schéma de montage d'un colt, très standard, mais qui demande des explications: elles sont données dans un article qui traite spécialement  du fonctionnement mécanique des révolvers. 
 
 


Dans l'article de mon blog qui concerne l'entretien et les réparations, je détaillerai le démontage des pièces et leur fonctionnement. Lors de mes premiers démontages, je ne disposais pas de plans et j'ai eu des difficultés à comprendre l'agencement des pièces, n'étant pas mécanicien par profession ni par nature : c'est au moment de remonter les revolvers que les difficultés apparaissaient, surtout pour remettre en place les ressorts de chiens. Aujourd'hui tout me paraît simple, mais l'initiation a pris un certain temps et souvent les apprentis poudreux doivent apprendre par eux-mêmes, n'ayant pas toujours des amis plus expérimentés, aptes à les guider dans leur initiation. Voici un autre plan qui donne le détail des pièces d'un Colt, quelque soit le modèle et à quelques détails près (les ressorts en V vont faire place à des ressorts mono lame sur d'autres revolvers)   
 



 
 
 
La clavette: règlage du jeu entre le canon et le barillet  
 
 
Dans les Colts, une pièce essentielle est la clavette : c'est par elle que commence le démontage de  tout Colt. Dans sa vidéo, Michel Bottreau utilise un petit matériel pour faire tomber cette pièce qui rend solidaire l’ensemble de l’arme. A quoi sert la clavette?
  • à maintenir ensemble toutes l'arme
  • à régler le jeu entre le canon et ler barillet 
Trop serrer la clavette supprime le jeu et le barillet ne tourne plus, ou bloquera en raison de l’encrassement lors du tir. Si la clavette est bien réglée, on l’éjecte d’un coup sec de la paume de la main.
 
Les clavettes ne constituent pas un problème nécessitant obligatoirement du matériel. L’important est de ne pas les enfoncer « en force » avec un outil avant le tir. La clavette doit se mettre en place d’un coup sec de la paume de la main; c'est suffisant dès lors que le bloc console canon/carcasse est rigide. Si elle ne sort pas facilement, il faut l'ajuster à la lime. La clavette est une partie sensible de l’arme qui tient ensemble la carcasse, le barillet et le canon. Un démontage qui impose de marteler une clavette pour la sortir donne à ces armes une image désuète: dans la vidéo, il s'agit d'une arme qui n'a pas été utilisée de longue date et qu'il faut assouplir. Par contre ne pas enfoncer la clavette, c'est laisser du jeu et le jeu favorise l'usure des pièces. Donc, il faut la serrer mais la serrer raisonnablement!
 
Les armes qui ont de l’usage prennent du jeu (c'est l'orifice situé dans l'axe où passe la clavette qui s'use et la clavette doit compenser ce jeu: elle est donc évasée), mais arrivé à un certain point d'usure et de jeu, la clavette ne tient plus rien et l'arme perd sa cohésion: les parties bougent. Il en résulte des défauts de tir et même un danger qui se situe au niveau de l'entrefer: autre point à vérifier sur un colt. Le chien lui-même prend du jeu et le revolver perd en précision puisque la hausse est placée sur celui-ci. Il faut cependant garder un petit jeu dont découle le bon fonctionnement de l’arme (environ 15/100 de mm).
 
 
Le démontage du canon, parfois bloqué  

 
Le refouloir est prévu pour enfoncer les balles, mais aussi pour sortir le canon quand il est bloqué. Pour dégager le canon, il n’y a pas non plus de problème : il doit sortir tout seul, sinon, il faut réduire le frottement sur l’axe (qui est conique sur les Colts) avec de la toile émeri, puis avec de la paille de fer très fine et élargir si nécessaire très légèrement les trous destinés aux 2 aiguillons (N°37 sur le plan) qui l’empêchent de tourner autour de l'axe (avec une perceuse et tout en délicatesse).

En cas de canon bloqué par des résidus de poudre (ce qui arrive souvent après plusieurs tirs), un simple fer plat (de 3mm) peut servir de levier en l'insérant entre console du canon (le bloc sous le canon) et le barillet : il faut le rétrécir à l'extrémité pour qu'il passer entre l'axe la carcasse. Le refouloir sert bien sûr de levier, mais la vis qui assure l'articulation du levier et du refouloir est un peu fragile. Bref il y a beaucoup d’astuces à découvrir par la pratique ... (voit tous ces détails dans les articles 4, 5 et 6: la fabrication des cartouches, la remise en état de 2 colts Walkers: on y trouve notamment le matériel )
 


L'usage du Colt Navy 1851: quelques indications  
 
Le 1851 (cal .44) est une arme très appréciée par certains tireurs, très esthétique et dont le poids est bien réparti dans la main, bien qu'il soit admis que la poignée soit trop courte. Le 1851 est reconnu comme pouvant être précis. Le cal.44, qui n'est pas une arme d’origine fut produit par Pietta, Army San Marco et d'autres!

C’est un revolver « simple action ». Pour mettre l’arme en fonctionnement, on arme le chien et on presse ensuite sur la détente ! Armer le chien entraîne la rotation du barillet qui place une nouvelle chambre entre le chien et le canon, l'arme est alors prête pour un nouveau tir: il suffit d'appuyer sur la détente et le coup part (attention, à ne jamais armer le chien d'une arme chargée, si on n'est pas face à la cible, au stand). Presser sur la détente ne fonctionne que si le chien est complètement armé. Par contre, pour libérer le barillet bloqué par le verrou (ou l’arrêtoir), pièce qui se trouve sous le barillet et qui le retient pendant le tir, il faut tirer légèrement le chien en demi armé, et le barillet peut alors tourner (ceci pour mettre des amorces si nécessaire). Mettre le chien en position demi armé avec un revolver chargé et doté des amorces est une opération qui demande de grandes précautions, notamment garder le pouce sur le chien, et surtout orienter l’arme en direction des cibles. A noter que pour les Colts, la documentation d'époque recommandait d'armer le chien avec le canon visant le zénith (à la verticale de l'observateur). Ainsi, les amorces percutées tombaient sur le sol au lieu d'enrayer l'arme. Cette méthode n’est pas compatible avec les consignes de sécurité des stands de tir, car si une balle part, elle troue le plafond, ce qui occasionne quelques émotions et des fuites (dans la toiture). Sur un pas de tir, l’arme doit être impérativement orientée vers la cible dans toutes les opérations: pourtant le chargement d'un revolver à PN se fait selon la méthode "classique" en plaçant l'arme sur un support (en bois) et en l'orientant vers le haut. C'est au moment où l'on place les amorces qu'il convient de faire très attention.

C'est pourquoi, je préconise un chargement des barillets à domicile, pour éviter toutes ces manipulations sur le pas de tir . Il faut alors avoir plusieurs barillets par revolver.


Le chargement du Colt  

 
L’utilisation d’un revolver n’est pas instantanée : chaque arme a un calibre de balle qui lui est propre, car les diamètres des canons et des chambres varient légèrement. En cal .44, on utilise couramment des 451 ou des 454. Beaucoup de tireurs fabriquent eux-mêmes leurs balles avec du plomb de récupération et des moules. Mais le travail sur le plomb fondu dégage des vapeurs très toxiques (voir l'article 5). La fabrication des balles et le chargement du revolver sont affaire d’expérience.

Voici une vidéo (en anglais) dans laquelle le tireur effectue un tir rapide avec un Colt 1851, présenté avec un humour à la Sergio Leone, un tireur qui m'épate... mais la vidéo témoigne surtout de l'efficacité et de la précision de cette arme. Le tir suivi est suivi d'un chargement très classique du 1851: ça prend un peu de temps et c'est ce qui donne l'impression que les armes à poudre noire sont désuètes. Le tireur a voulu mettre les deux étapes en contraste.
Ceci étant, tirer calmement et prendre le temps de charger son arme, est un excellent exercice à recommander dans un monde où le stress nuit à l'équilibre! Le tir impose un retour au calme. Le chargement sur place dans le stand de tir, convient pour des tireurs qui "cartonnent" en solo, ou qui ne rapprochent pas leur cible pendant le tir: ils se servent alors de lunettes pour vérifier les impacts dans celle-ci.
 
Les barillets pré-chargés sont utiles également pour s'adapter au rythme des autres tireurs quand les cibles du stand de tir se déplacent de façon collective, sur rails. Personnellement, je ne suis pas très chaud pour charger sur le pas de tir: manipulation de la poudre, risque d'erreurs de chargement, de maladresses, d'accidents, tout cela est évité par une préparation des barillets. Ce qui me laisse plus de temps pour tirer "relax"!

 
Classiquement, le tireur verse dans chaque chambre une dose de poudre précise (de 1gr à 2gr), en tenant compte des quantités recommandées, puis de la semoule qui sert de bourre. La balle est ensuite entrée en pression dans la chambre à 2mm environ de la bouche (un levier de chargement est alors nécessaire), et pour terminer, le tireur obture la chambre avec de la graisse (les recettes sont diverses) jusqu’à ras bord, ce qui rend la chambre étanche. Il ne reste plus qu’à mettre ensuite (et jamais avant) les amorces, en les pinçant légèrement pour qu’elles tiennent, mais sans les maltraiter. Il me semble que Michel Bottreau, qui charge ici un Remington 1858 et non un Colt, fait les choses à l'envers: car la mise en place des amorces, le chien placé en demi-armé constituent un risque réel de départ de feu, pour peu que la détente soit trop souple. On doit pincer légèrement les amorces, mais il arrive fréquemment qu’une amorce tombe en cours de tir si elle n’a pas été suffisamment pincée; on utilise fréquemment ce type d'amorces pour les Colts et revolvers cap & balls.
La vidéo qui suit montre l’habileté d’un jeune américain tirant au 1851, très à l’aise dans le maniement de l’arme, ce qui témoigne du caractère très équilibré de celle-ci.

On voit aussi les incidents de tir qu’elle peut générer, lesquels sont inhérents aux armes à PN. Des amorces tombent ou bloquent le tir. On est dans l’univers de la PN, ce qui veut dire qu’on ne cherche pas la perfection mécanique des armes modernes. L’imprévu est de rigueur ! Ce qui veut dire que l'usage de ces armes, à l'époque, ne ressemblait en rien à ce qu'on peut voir dans un western spaghetti.

Le maniement des colts pose quelques problèmes en cas d’incident; un revolver à PN qui « bloque » doit être déchargé. C’est pourquoi, il faut d’abord ramener le chien sur la cheminée pour la sécurité ou le maintenir en position demi-armé, avec le pouce, puis enlever l’amorce non percutée (avec une petite pince), mais dès lors que le barillet ne tourne plus, l’extraction de l’amorce n’est plus possible. Il faut alors enlever la clavette et sortir le barillet.! Tout cela en orientant l’arme vers la cible. La pince doit donc être prévue à proximité, ainsi qu’un outil essentiel pour sortir le canon que j'ai évoqué précédemment (un fer plat de 3cm de large). Attention : un barillet qui roule et qui tombe au sol sur une amorce : la chute peut provoquer une mise à feu, sinon le barillet risque au moins d'être déformé!

La pratique du changement de barillets en cours de tir (qui sont alors pré-chargés) constitue un gain de temps et rapproche le fonctionnement d'un revolver à poudre noire de celui des revolvers de poing actuels: le tireur libéré du chargement "emprune (enfume aussi), fait parler la poudre, envoie les pruneaux, balancent la purée" en un mot : il "flingue" dans la cible et on peut alors envisager une autre pratique du tir à la poudre noire : le CAS (Cowboy Action Shooting) dont la vocation est plus celle du tir rapide, que de faire du point.
 
 
Quelques idées préconçues concernant les colts ?
 
 
Je m’inscris en faux contre l’idée que les colts sont des armes dont on ne peut pas "changer le barillet", cette idée ne se parle pas, elle est inscrite dans les normes et il ne m'était pas venu à l'esprit de la remettre en question, du moins aussi longtemps que je n’avais pas manipulé des colts usagées dont les clavettes flottaient un peu. J’ai alors compris qu’au lieu de serrer les clavettes, il fallait leur donner juste le serrage nécessaire et rien de plus : depuis je fais tomber la plupart de mes clavettes d’une « pichenette », et je change mes barillets de colts aussi vite que Lucky Luke!! J’invite les poudreux à revoir leurs jugements sur cette question. Cependant, avec un usage intensif de l’arme, la prise de jeu peut engendrer des difficultés de fonctionnement de la clavette qui n’assure plus le serrage. L’achat d’un colt (d’occasion) doit donc en priorité vérifier l’alignement relatif des orifices de serrage de la clavette et la qualité du serrage (qui se vérifie à l’entrefer, entre l’entrée du canon et la chambre) : si on est en bout de course, l’arme ne serre plus et n’est plus en état de tir. Dans ce cas, en étant optimiste, c’est le système D qui intervient. Si la clavette ne tient plus le canon ou si l’entrefer est trop important, l’arme peut être destinée à être exposée au mur. Il faut aussi vérifier d’autres choses avant d’acheter une arme, surtout d’occasion: j'y reviendrai dans les articles suivants .

On évoque souvent le fait que les colts n’ont pas une carcasse fermée et que de ce fait, la solidité de l’arme est moindre : c’est une idée fausse. Les colts ont été produits à l’origine avec des aciers plus faibles, plus fragiles, tandis que les répliques actuelles bénéficient d’aciers de bonne qualité. De même que Colt ne faisait pas de carcasses en laiton, mais en acier. En réalité, les Colts à carcasse ouvertes sont prévus pour fonctionner avec un jeu réglable entre le canon (et la console) et le reste de l'arme (carcasse et barillet). C'est ce jeu qui avec l'âge de l'arme s'amplifie, car la cavité prévue dans l'axe pour insérer la clavette s'élargit avec un mauvais usage de l'arme. Il est vrai que les armes à PN vont évoluer vers des carcasses fermées, jusqu’à la date où les cartouches métallique vont remplacer la système à percussion à PN, mais si on y réfléchit, les carcasses ouvertes sont des armes simples, faciles à nettoyer, à démonter, à utiliser. En réalité, les Colts dotés d’une carcasse en acier (et non en laiton) sont des armes solides : on dira que l’axe de barillet d’un 1858 ou d'un Roger & Spencer est au contraire plutôt fragile. Il y a cependant une différence de conception assez radicale entre les revolvers à carcasse ouverte et ceux à carcasse fermée. 


Vers 1858, s’annonce une évolution qui va sonner le glas des colts, car les fabricants vont opter pour les carcasses fermées associées aux cartouches métalliques. Les colts se sont donc allégés, et ont résolu les problèmes liés aux refouloirs.
 

Mais c’est le colt 1860, qui va apporter la dernière amélioration aux Colts à carcasse ouverte : un colt d’une grande qualité et qui prendra le relais du Colt Dragoon : il apporte les derniers perfectionnements de la lignée. Il sera suivis par les colts à conversion qui vont à leur tour intégrer ces cartouches métalliques et subsister encore un certain temps, mais qui seront supplantés par les revolvers à carcasse ouverte, mieux adaptés à ce type de munition notamment le SAA. Cependant les Colts à PN continuent à fonctionner grâce aux « poudreux » dont je fais partie.

 
 
 
 
6/ Le colt Army 1860: esthétique, maniabilité et précision: un Colt arrivé à la perfection? 
 

1860 repro ASM

 
La « U.S. Army » voulait une nouvelle arme pour la cavalerie durant la Campagne des Mormons. Le 16 Février 1858, des officiers se rendirent à l'arsenal de Washington D.C. pour examiner de nouveaux Colt. La délégation se concentra sur la production d'un revolver à canon de 8 pouces plus léger en calibre .44. Le New Model Holster Pistol, ou New Model Army Pistol, commença à être produit en 1860 et gagna très rapidement les faveurs de l'armée. Les 2000 premiers avaient un barillet "full-flutted", mais ils furent remplacés par les barillets renforcés cylindriques. Les 1 000 premiers avaient un canon de 7 pouces ½, ils furent rapidement remplacés par du 8 pouces, comme le désirait l'armée. La plupart des premiers 50000 « Colt 1860 » avait un bouclier coupé dans la partie inférieure pour permettre d'y placer une crosse escamotable rendant la visée comparable à un fusil. La carcasse avait 4 vis. En Mai 1860, le nouveau revolver était prêt à être présenté à l'armée, un jury d'officiers le testèrent dans les 2 longueurs de canon ainsi que le Dragoon Third Model pour la précision et la pénétration. Les officier déclarèrent : "Le revolver avec le canon de 8 pouces sera l'arme de cavalerie la plus aboutie que nous n'aurons jamais". Cependant, tandis que l'armée Américaine testait le nouveau revolver Colt, des revendeurs du Sud prenaient commande. 2 230 revolvers furent envoyés au Sud, la plupart entre les mains des Confédérés. En Avril 1861, Lincoln appela 75 000 volontaires. Colt transforma sa production en fourniture officielle de l'armée et son 1860 Army devint l'arme de la Cavalerie de l' Union. Le Colt 1860 présenté ci-dessus est une reproduction de luxe réalisée par Army San Marco, avec gravure et placage argent ; de toute beauté… pour une vitrine ! et en dessous un colt 1860 à barillet flûté.
 

Quelle innovation apportait le 1860 par rapport au Colt 1851 ?
 



1860_fluté 

 "Aucune différence technique probante entre le 1851 et le 60", disent certains, c’est surtout l’esthétique de l’arme qui change, les lignes seraient simplement plus épurées? Erreur profonde: le Colt Army 1860 présente des modifications importantes qui interviennent principalement sur 4 points :
 
    • un barillet prévu pour le cal 44, alors que le 1851 était prévu à l'origine pour le cal .36: le barillet s'est allongé et renforcé par un élargissement impliquant une modification de la carcasse, mais comparativement au Dragoon, le barillet s'est fortement affiné en raison de l'amélioration des aciers à partir de 1855. C'est donc une arme spécifiquement conçue par Colt pour le cal .44;
    • le refouloir est encastré dans le bloc canon, ce qui fait baisser le coût de production notamment, mais donne à l'esthétique de l'arme une modernité incontestable; 
    • une ligne effectivement épurée et galbée du canon permettant en outre un entretien plus facile. 
    • la crosse du revolver est plus longue que sur les 1851, innovation très importante également, car on reproche au 1851 une prise en main insuffisante. 
    Le 1860 d’un poids de 1,3kg est une arme très élégante, précise, techniquement fiable et fonctionnelle. Pour moi c’est un très bon revolver! Mike Beliveau dans une vidéo dont la référence est indiquée ci dessous, fait (en anglais) la comparaison entre les différents Colts produits par le fabricant et je partage son point de vue: le Colt 1960 une arme qui l’emporte sur les autres par ses qualités et sa finition. Il est évident que l’évolution des revolvers à PN est directement liée à l’évolution de la métallurgie et que les années 1855 constituent un tournant. Ceci n'est pas suffisamment compris par des tireurs qui s'arrêtent à des critères esthétiques. Les contraintes mécaniques découlaient de la métallurgie de l'acier.

Pour comparer les barillets du 1851 et du colt 1860, visiblement différents cette photo, on constate que celui prévu par Colt est bien supérieur en longueur à celui du « Navy » crée par Pietta et consorts (qui ont conservé la carcasse du cal 36 pour faire un barillet en cal 44) . La robustesse du barillet du Colt Army 1860 allongé est patente; j’ajoute que le diamètre du 1860 est supérieur de 2mm, ce qui permet un renforcement d’1 mm de l’épaisseur entre le bord des chambres et le bord extérieur du barillet. Ces détails sont à prendre en considération dans le choix d’un revolver.

Pour les experts en PN, un détail n’aura pas manqué d’attirer leur attention : les alvéoles de cheminées ont été dégagées, pour des raisons techniques. Les alvéoles sont responsables des incidents de tir et en les supprimant, à l'instar des barillets du STARR, on a un réel avantage pour placer les amorces. D'autant que sur les Colts, les amorces ont tendance à passer entre le chien et la carcasse et descendre dans le mécanisme: ce qui bloque l'arme et risque même d'endommager la came du verrou. C'est sans doute le plus gros défaut de conception des Colts. Cette modification limite le risque, car l'amorce se dégage facilement vers le bas et sans bloquer le barillet pour autant. Il arrive cependant que l'amorce colle au chien et soit emmenée vers l'arrière lors du réarmement. Cette modification n’est pas dans la tradition, mais c’est efficace. Autre avantage elle évite le blocage du barillet par des amorces qui tournent sans tomber et cela réduit l’encrassement, car lors de l'explosion de la poudre, la dispersion des résidus est meilleure. Pour l’esthétique, ça passe aussi bien.
 
Pour apprécier la qualité et les aptitudes exceptionnelles de ce Colt 1860 (reproduction Uberti comparée au modèle original), je vous invite à regarder cette vidéo en anglais, parlante par ses images et les tests qu'elle propose :
 
L'aventure de mon Colt 1860 Uberti acheté sur NaturaBuy


Voici le modèle que j’ai acheté sur ce site, un revolver de marque Uberti et Com. Gardone (ce qui veut dire que la fabrication de certaines pièces étaient sous traitées par un ensemble de fabricants italiens qui restaient anonymes) , vendu par Calvadosian, un anglais sympathique et récupérateur de vieux flingues, qu’il doit revendre ensuite sur Naturabuy. Mon 1860 était censé avoir un jaspage magnifique, du moins sur la photo, mais à l’arrivée, les irisations bleues et vertes avaient été remplacées par des taches rosâtres-lie-de-vin sur fond gris. Le vendeur m’a dit avoir eu un geste malheureux qui a renversé on-ne-sait-quoi sur l’arme. Il avait eu l’honnêteté de me proposer une indemnisation que j'ai déclinée. J’ai alors décidé de faire disparaître ce tableau d’art moderne et j’ai brossé l’acier jusqu’à disparition de l’œuvre, ce qui n’a pas été facile, puis traitement au vinaigre (... de vin lui aussi) et un repolissage… Depuis la carcasse a pris un beau gris métallique un peu foncé et qui va très bien avec la teinte pourpre de la crosse que j’ai également décapée et reteinte, … Je le trouve à la fois sobre et très "class"...! Je dirais même que le jaspage d'origine (d’une grande banalité), ne valait pas la nouvelle esthétique de mon flingue. Tout ça m’a donné une idée: j’ai décidé d’appeler ma collection « la vie en rose (lie de vin) » et depuis je teinte fréquemment mes crosses en pourpre... ou en noir, selon l'humeur du jour!

Hélas sur NaturaBuy, on va de surprise en surprise: je n'avais pas immédiatement remarqué que ce flingue avait aussi un chien massacré à l’étau et qu'il gardait l’empreinte des mâchoires. Ayant rénové l'arme, je m'étais fait une raison. Sur le pas de tir, le revolver 1860 s’avérait excellent pour la précision: une merveille!  La détente était d’une douceur rêvée, mais lorsque le chien partit tout seul dans le plafond du stand, je dus faire vérifier le cran d’armé et de demi armé situés en bas du chien  il fallait démonter. Ce dernier ayant été déjà passablement bricolé et limé lors de ses usages précédents, c'est un copain qui refit les crans à la lime spéciale pour acier trempé. Je pense que cette opération sera la dernière avant la mise à la retraite… Non: je compte changer intégralement le chien et l’arme sera en état de fonctionnement. Un bonjour à Calvadosian qui ne reconnaîtra plus son 1960. C'est ce que l'on appelle "faire une affaire": attention aux achats sur NaturaBuy !  Quoi qu'il en soit, celle-là, je ne la regrette pas, car c'est un de mes flingues préféré et tout compte fait cet "accident"  bizarre m'a enlevé un scrupule : faire tomber le jaspage quand il est fatigué et c'est ce que j'ai fait sur d'autres Colts dont les carcasses tenaient plus de la peau de zèbre que de l'irisation... En passant je signale que la suppression du « bronzage » de l’acier du barillet n’entraine pas la corrosion, du moins tant que l’arme est soignée. Le polissage de l’acier lui apporte une protection. C’est d’ailleurs l’état d’origine des barillets de colts et seuls les canons étaient bronzés. La carcasse quant à elle était jaspée, ce qui donnait plus de solidité à l’acier.

 Mais ma détermination à customiser ce revolver ne s'arrête pas là : je l'ai "starraubenisé" et voilà le résultat. La suppression des alvéoles à l'arrière  du  barillets, un travail qui fut fait par un professionnel, bien sûr.  Quant à son guidon qui penchait à droite pour tirer juste, j'ai trouvé que c'était un peu dévalorisant et pour l'instant, il a un nouveau guidon dérivable,  dans l'attente de lui trouver un joli guidon à fibres optiques... rouge!




 





 
 
7/ Les années 1860:  une forte concurrence s'exerce sur les modèles Colts 
 
 

 
L'apparition des cartouches métalliques eut lieu dans les années 1870 et le revolver à percussion commença à perdre sa popularité, les "longs-feux" et autres problèmes d'amorces ou de poudre mouillée disparaissaient avec les cartouches métalliques. Colt résista. Le 1871 Richards Army Conversion fit son apparition : le refouloir était remplacé par un extracteur de douilles, le chargement du barillet se faisait avec un volet relevable, fixé dans la carcasse (à la place de l'échancrure par laquelle on insérait les amorces). Puis arriva le 1872 Open Top au moment où le célèbre Colt Single Action Army et d'autres revolvers se développèrent qui adoptaient les carcasses fermées et dans le même temps les cartouches métalliquues: les derniers Colts à percussion furent évincés.


Si on cherche le facteur déterminant de cette évolution, qui part du Walker pour aboutir au Colt 1860, c’est d'abord une forte évolution dans la qualité des aciers dans les années 1855 qui a permis de réduire le gabarit du Walker et du Dragoon. En réalité le projet de fabrication du colt Army 1860 s’est inspiré du 1851 et l’a adapté pour une puissance supérieure en rapport avec le cal. .44, mais cette adaptation est essentiellement liée au fait qu'en 1860 la qualité des nouveaux aciers rendait possible la conception du dernier modèle des Colts Cal .44. La qualité des aciers actuels ajoute un plus à cette perfection, mais dans le même temps, on a aujourd’hui des Walkers qui, en raison des aciers actuels, remplissent enfin le cahier "des charges" de l'époque et n’explosent plus à forte charge ! Bien entendu, il n'est plus question d'abattre des chevaux ! ... Alors pourquoi disposer d'une arme de la puissance du 357, avec des balles en plomb qui n'ont pas la dureté de celles des armes modernes? Si c'est pour trouver du carton... ??? La motivation n'est-elle pas la même qu'il s'agisse d'un tir au 357 ou au Walker ? Sans doute est-ce le plaisir de la puissance de tir, allez savoir... ?

Colt a donc produit d'un bout à l'autre de la chaîne de fabrication une arme originale, qui reste exemplaire, mais à la fin de sa vie, il a dû ressentir l'amertume de la fin des Colts à carcasse ouverte dont il était le principal concepteur.

La famille Colt, après le décès de Samuel, allait continuer à produire des armes qui ne sont pas en calibre .44 ou qui utilisent les cartouches métalliques à poudre noire, avec une carcasse fermée: le fameux Colt Single Action Army (SAA), ou Colt Peacemaker (le pacificateur) dans les années 1872, que je présente, mais qui ne fait pas partie des armes de la 8ème catégorie.

 Je cite Wikipédia : "Étant donné que les cartouches en calibre .44 étaient jugées insuffisantes, la société Colt développa la cartouche .45 Long Colt, initialement avec un projectile de 235 grains (15,22 g) et une charge de 40 grains (2,59 g) de poudre noire. C'est un revolver avec platine simple action et un barillet de 6 cartouches. Il a été développé pour la cavalerie des États-Unis par la société Colt en 1872 et adopté par l'armée américaine en 1873 au calibre .45 Long Colt. C'était peut-être l’arme la plus répandue dans le Far West américain, coûtant à l'époque 13 dollars pièce, prix facturé à l'armée, sur le marché civil, le prix était de 17 $ en 1875 et de 16 $ en 1897. Cette arme a été fabriquée jusqu'en 1941, avec un total de presque 360 000 unités produites dans une trentaine de calibres. La production reprendra en 1955 avec le numéro de série 0001SA pour atteindre 99999SA en 1978 pour continuer au numéro SA01001."

 



Cette arme superbe, très achevée, intègre de nouveaux systèmes de chargement et de déchargement, d'une grande simplicité d'utilisation , ce qui fera sa renommée pendant des années. Sur les stands de tir, ce revolver est très convoité, mais le classement du SSA en 4ème catégorie ( les revolvers en 44 magnum sont en 4ème catégorie, "44 magnum" étant la dénomination de la cartouche) en a réduit l'utilisation sur les stands. Elle reste cependant liée à l'histoire de la des revolvers Colt à poudre noire. La vidéo qui suit est très intéressante, montrant très clairement le fonctionnement de l'arme.
 
 
Parallèlement à cette ligne de fabrication exemplaire qui donne aux Colts leur caractère mythique, nous abordons dans l'article qui suit les principaux concurrents des Colts qui vont être conçus avec des carcasses fermées.

 

 
 

5 commentaires:

  1. très bon sujet, merci à vous pour l'ensemble de votre documentation .
    Un poudreux......

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour cet excellent article, j'y vois beaucoup plus clair maintenant dans cette catégorie d'arme

    RépondreSupprimer
  3. Merci pour ce très documenté article.

    RépondreSupprimer
  4. Petite info aux tireurs poudre noir qui rejette le 1851 en cal 44 pour des raisons historiques. Colt a bien fabriqué, ou plutôt modifié des 1851 en cal 44 en tant que prototypes, avec barillet élargi et fluté, carcasse échancrée. Il s'agissait de prototypes qui donneront naissance au 1860. Il n'y a pas eu de commercialisation de 1851 cal 44 effectivement, mais ces protos sont le "chaînon manquant" entre le 1851 et le 1860. Ce n'est donc pas un hérésie totale de la part de Pietta.

    RépondreSupprimer
  5. Bonjour, J'ai lu avec bcp d'attention, votre article sur la "visée trop basse" du Colt 1860, (non parallélisme, axe canon/Guidon mire) ; Néophyte, il me semble que si le bas de la mire apparaît dans le guidon du chien, on est pleinement parallèle ... "Point visé, point touché .....?

    RépondreSupprimer